Monsieur Aristide, une pépite archi-déco parisienne...
Dans le Paris bucolique des artistes et des voyageurs où se mêlent glycines et lilas à la belle saison, le dernier né de la collection des boutiques-hôtels "Monsieur" se situe au coeur de Montmartre. Cette ancienne maison nichée dans des murs XIXème accueille un style bohème, fantaisiste et insouciant tout comme son quartier. Signé par l'architecte d'intérieur Marion Collard, ce lieu intemporel, fort en émotions regorgent de trésors déco.
Comme une maison bohème...
Résolument pas comme les autres, situé en plein coeur de Montmartre au numéro trois de la rue Aristide Bruant, l'hôtel Aristide porte le prénom du chansonnier qui y vécu au XIXème siècle.
Une bulle à la fois chic, cool et authentique.
La façade de l'hôtel Monsieur Aristide est rétro et élégante, tout à fait en accord avec l'établissement. Aux fenêtres, le lierre tombant habille et tranche sur le beige clair du mur. Le choix d'une écriture dorée est résolument classy.
Entre élégance feutrée et décoration incarnée.
Dès l'entrée, l'esprit brocante est partout, le voyage à travers les temps commence. Le bois domine le décor et réchauffe le sol fait de pierres et en partie de gravats de récupération. Les imprimés panthère côtoient les plantes d'intérieur, fougères domestiquées qui trouvent naturellement leur place.
Le comptoir de la réception est fait de bois brut, sombre et laqué. Il joue avec des notes Art Déco et contraste avec d'élégantes appliques vintage en forme de Saint-Jacques, comme pour rappeler l'hospitalité au pèlerin. Les fleurs de tournesol apportent une touche de couleur parfaitement ajustée au style de leur vase boule en verre à l'impression panthère.
Au café Aristide, le bar en acajou et travertin et ses fauteuils cannés sont typiquement rétro. Les nombreux livres et les bibelots personnalisent l'espace. Les canapés confortables aux coussins moelleux invitent à la détente et à se laisser aller à la convivialité "comme au bon vieux temps" dans un café parisien à La Belle Époque.
Au restaurant, une cuisine méditerranéo-bohème...
Toute la journée au restaurant, des mezzes sont proposés : Olives Kalamata, caviar d’artichaut citron brûlé, stracciatella betterave noix... Chaque jour, de nouvelles pâtes fraîches sont préparées. Pour le déjeuner et le dîner, la carte varie au rythme des saisons et d'une inspiration très méridionale.
Au restaurant, l'ambiance est intimiste et la disposition rappelle celle des tables des brasseries parisiennes au temps des Années Folles. Les chaises, chinées elles aussi, ont plus de cent-trente ans.
Des jardins et extérieurs à la végétation luxuriante...
La terrasse domine le jardin bohème. Les pierres posées de façon aléatoire jouent avec la végétation, les parasols vintages à fleurs, un brin kitsch, rayonnent finalement comme dans leur élément depuis toujours.
Au soleil, une partie de backgammon, objet ancien de collection chiné, en sirotant un cocktail aux parfums de lavande.
Sous l'arche végétale le plaisir simple d'oeufs mayonnaise, tous les codes d'un mix and match entre brasserie parisienne rétro et maison d'hôtes méridionale sont là...
À l'instar des parasols vintages ou de ce cache-pot ancien en forme de cygne, tous les objets chinés chez des brocanteurs ont une histoire et une énergie qu'ils insufflent à la maison.
Les 25 chambres et suites de la maison...
Verticalité : à mesure que l’on s’élève dans les étages, le ton des chambres s’accorde avec la lumière. Couleur sable aux premiers étages, il prend un rose poudrée au second, une teinte brique au 3ème et offre des refets whisky ou cognac au 4ème.
Les tons naturels qui habillent les chambres sont tous reposants. Dans chaque détail imaginé par l'architecte d'intérieur Marion Collard, la quête du bien-être et l'envie que chacun puisse imaginer l'histoire des objets chinés placés dans chaque pièce.
Au détour d'un meuble, un transistor d'époque couleur camel, vient agrémenter un rideau grège.
Entre éléments contemporains et pièces fortes vintages, un jeu de contrastes se met en place. Matières et matériaux s'accordent dans un assemblage de couleurs cohérent.
Chaque pièce chinée en brocante ou glanée chez un antiquaire est placée avec soin et minutie. Des livres de toutes les époques côtoient un globe ancien"dans son jus".
Le doré, coloris chic et phare du style Art Déco, prend tout son sens , en subtilité dans la décoration de l'hôtel.
Chaque centimètre carré de l'immeuble ancien a été aménagé et optimisé. Des niches à objets habillent l'espace très cocon et contrastent parfaitement avec les murs blancs.
Les salles de bains sont résolument vintages.
Détails : miroir en bambou années 1920, coquillage naturel et bouteilles d'eau de toilette.
Détails : robinetterie néo-vintage et canards de bain en plastique chinés.
Coiffeuse et fougère sur porte-pot en bois apportent de l'élégance et du relief à la pièce, en contraste avec la coque lisse et blanche. Les objets vintages liés à l'univers du jeu et à celui de la musique sont nombreux dans l'esprit cabaret.
Détails : afin de ne pas dénaturer ce décor presque théâtral avec de l'équipement hi-fi, la télévision a été coffrée dans un cadre en bois.
La décoration boho est orchestrée en osant mélanger des objets qui n'étaient pas forcément voués à aller ensemble. Le piano vintage et tous les éléments musicaux rappellent le passé de cabaretier.
Propice à l'inspiration dans ce quartier d'artistes, le salon de la suite offre un secrétaire d'époque et un mobilier en bois, déclinant un camaïeu de couleurs chaudes.
Notre rencontre avec Marion Collard, architecte et décoratrice d'intérieur so décomplexée.
Comment conçoit-on une maison bohème ?
"Avec son coeur ! Et je dis cela parce qu'il faut avant tout se faire confiance, le style bohème c'est associer des choses qui ne sont pas originellement vouées à être ensemble de par leur époque, leur style, mais faire selon son instinct. Il faut oser mélanger des objets ordinaires du quotidien et des pièces rares, signées ou tout simplement de meilleure facture. Pour moi, c'est une harmonie à trouver, comparable à celle de la mélodie d'un musicien : une somme de tout qui vient créer un ensemble."
Pouvez-vous nous parler de l'approche organique de l'architecture ?
"L'approche organique et holistique est pour moi naturelle car je ressens l'énergie des lieux. Je place toujours les objets en intention d'harmonie ayant pour but de créer du bien-être et de l'émotion. Décorer une pièce ou toute une maison c'est y conférer une intention. Ici, je voulais que tous les visiteurs et les hôtes puissent sentir immédiatement un sentiment d'apaisement et de sérénité."
Comment trouver le ton juste en chinant toutes les pièces ?
"En architecture contemporaine la coque (comprenez, le sol, les murs...) sont assez lisses et assez spartiates au départ. Les pièces sont chinées puis placées pour réchauffer les espaces qui ont besoin de l'être. Ce sont de vrais jeux de contrastes entre les matières, les couleurs, les textures. Il faut sans cesse aller à la poursuite de l'équilibre entre tout cela pour trouver le juste ton, pour être dans un décor chaleureux et intéressant sans trop en faire non plus."
Comment le vintage s'inscrit dans le monde d'aujourd'hui ?
"Aujourd'hui le vintage fait sens, il répond en premier lieu a une éthique, a des préoccupations écoresponsables. Donner une deuxième (ou plus) vie a un objet c'est éviter la surconsommation. De plus, ces objets là qui ont traversé les époques ont une énergie. Par exemple, les chaises du restaurant ont cent-trente ans, on peut imaginer tant de personnalités qui se sont assises dessus... Le vintage n'est pas quelque chose de poussiéreux si le support lui convient, au contraire ces éléments déco réhaussent le ton d'un univers moderne."
Pourquoi cette verticalité dans les couleurs des chambres ?
"Effectivement, plus on monte dans les étages et plus les couleurs qui personnalisent les chambres sont franches. Au rez-de-chaussé et au premier étage, qui sont moins lumineux car nous sommes dans un quartier aux ruelles pittoresques avec vis-à-vis, j'ai travaillé des coloris très clairs, comme le beige. En prenant de la hauteur, nous prenons aussi de la lumière et j'ai pu me permettre des tons plus francs comme le rose ou le cognac... Il faut jouer avec la lumière mais aussi la taille des espaces. Lorsque l'on est en monochrome, il ne faut pas hésiter à contraster les matières."
Qu'est-ce qui vous a plu dans ce projet ?
"Tout ! La localisation d'abord, implanter un hôtel sur la butte qui est un village dans Paris, y raconter des histoires et y créer une atmosphère, m'intéresser à Aristide Bruant (le chansonnier dont la rue porte le nom et dont l'établissement est éponyme), plonger dans l'histoire montmartoise qui représente un fabuleux héritage poétique et fédérer de nombreux talents autour de ce projet incarné par les artistes, puis bien évidemment, tout dessiner au moindre centimètre carré près pour relever ce défi architectural. Je mentionnerai aussi tout le côté récupération qui a compté pour moi, avec pour exemple, les gravats des travaux de démolition qui ont servi de liant dans la construction du terrazzo."
