Une maison-atelier version théâtrale
En Basse-Normandie, Catherine Riff, artiste sculpteur, vit et travaille dans sa maison atelier datant de 1876. Par la magie de ses doigts de fée, les murs ont été patinés, les volumes modifiés : lever de rideau sur une restauration historique.
La maison était dans un état de délabrement avancé, mais nous n’avons pas pu résister au charme de la pierre, y compris dans ce jardin, si proche du paradis…
Catherine Riff et son époux François ont acquis, il y a quatre ans, une maison de caractère dans le Calvados, à quelques kilomètres de la mer. Construits en pierre blanche de Caen en 1876, les lieux étaient jadis habités par une famille, dont le doyen, forgeron, œuvrait dans un atelier de 90 m2. Côté rue, l’ensemble, composé de deux bâtisses reliées par un garage, est discret. En revanche, il dispose à l’arrière d’un espace vert clos de murs, façon jardin de curé. Normal : leur voisine est l’église du village. « L’état de délabrement global aurait pu être un frein, mais nous avons tout de suite repéré les formidables atouts de cette habitation : de beaux volumes, un jardin généreux et un atelier pour mes sculptures.
Le salon
Dans un mariage brut et sophistiqué, les matières et styles se mélangent sans scrupule, du XVIIIe siècle à l’ère industrielle.
Le projet de rénovation était ambitieux, car c’était toute la conception de l’ensemble qu’il fallait repenser », précise Catherine. Pour ce travail de restauration, le couple fait appel aux artisans locaux, dont monsieur Marais, un maçon spécialisé dans la réhabilitation. La première étape a consisté à réunir les deux corps de bâtiment en un seul, et donc de supprimer le garage qui sera transformé en salon. « Dans cette nouvelle pièce qui manquait d’ouverture, nous avons créé deux percées donnant côté jardin. Nous sommes partis de ce centre de vie pour redistribuer les pièces et s’offrir une large circulation sur une superficie de 120 m2. Ainsi se succèdent harmonieusement cuisine, salle à manger et bibliothèque. »
La cuisine
Quand la magie opère
Pour l’aménagement intérieur, Catherine a déployé ses talents de peintre et de décoratrice. Arrière-petite-fille du peintre Lucien Jonas et élevée dans une famille d’artistes, elle a hérité d’un don évident pour les matières et les couleurs. « J’aime mélanger les genres et les styles. Méridienne moderne et fauteuil baroque, console Art nouveau et appliques XIXe, commode de grand-mère et table en métal brut industriel… » Sisal et parquet de pin monté sur lambourde se partagent le sol, sauf dans la cuisine où les carreaux de terre cuite d’origine ont été récupérés. Côté murs : des pierres apparentes rafraîchies côtoient des peintures bien lisses patinées par Catherine. « Sous ses doigts, la maison s’est peu à peu métamorphosée comme par enchantement, suivant ses inspirations. Et ça continue, j’ai l’impression de vivre dans un décor de théâtre en permanente évolution », assure François, qui peint également des aquarelles. Le rideau tombe sur ce lieu unique et singulier. En un mot… Bravo !
Les chambres et la salle de bains
2. La chambre parentale peinte en gris mat. Linge de lit Olivier Desforges et lustre Maisons du Monde.
2. Meubles en teck, vasques et miroirs (BHV) offrent un joli tempérament marin à la suite parentale.
Catherine Riff ou l'art de décorer
2. Armoire chinée chez un décorateur anglais, dans laquelle Catherine expose au gré des saisons des décors éphémères, comme ces barbotines de la céramiste Annette Boyer.
3. Dans l’entrée, jolie saynète avec une console chinée, surmontée d’une paire d’éventails en métal et de portraits de sociétaires de la Comédie Française réalisés au fusain dans les années 1930 par Lucien Jonas.
Catherine Riff réalise des sculptures en bronze (notamment sur le thème de la femme, de la danse, des acrobates…) au style nerveux et aérien ; des panneaux de tissu de satin, peints à la main, marouflés puis plissés dans un esprit japonisant ; des peintures figuratives sur toile de jute aux motifs de fruits et de fleurs ; ou encore des patines murales.
Mise en scène des portes
2. Vers la suite parentale, portes habillées de soie peinte et marouflée. Sculpture en bronze « Volutes de l’ange » de Catherine Riff.
2. Porte patinée par Catherine Riff dans des tons ivoire et taupe, surmontée d’un paon en métal, chiné dans une salle des ventes. Tenture de taffetas, peinte dans un esprit japonais, figurant des branches.