Ce qu'il ne fallait pas rater de la Biennale 2022
Très attendue par les fans de création d’avant-garde, la biennale internationale du design de Saint-Etienne 2022 vient d’ouvrir ses portes pour 4 mois de festivités. Plus de 235 designers y sont représentés à travers 222 événements, 48 installations, 24 colloques et 7 expositions. Ces dernières se déroulent à la Cité du Design, lieu emblématique de l’événement depuis 24 ans, et s’inspirent du thème général de cette année : la Bifurcation.
Le site de la Cité du design de Saint-Etienne accueille les expositions des designers présents à la Biennale
Bifurquer ou faire un pas de côté pour regarder sous un nouvel angle. Abandonner une direction et créer au gré d’un nouveau concept... La bifurcation, voilà le thème quelque peu ardu auquel se sont confrontés les designers qui exposent cette année à la Biennale du design de Saint-Etienne. Quatre expositions ont retenu tout particulièrement l’attention de Maison créative : At Home, Du sensoriel au biomimétisme, Autofiction et Maison Soustraire. À découvrir jusqu'au 31 juillet.
L'intérieur cosy et coloré de tonalités gaies de cet espace favorise la joie de vivre et la communication
Bienvenue à la maison
L’exposition At Home explore la notion du « chez soi. » On y retrouve le concept de l’abri et du refuge, de la sphère privée et du bien-être, on y croise la notion de facilité et de services rendus via les objets connectés. Pourtant, il n’est pas tant question de cocooning intime et authentique que « d’images rêvées influencées par le pouvoir de persuasion des médias et du consumérisme », déplorent les commissaires de l’exposition.
Mais si nous ça nous plaît de rêver parmi les œuvres des designers ? Devant un sac à dos qui se transforme en chaise longue ou en lit gigogne signé par le studio Makkink & Bey, par exemple. Ou en s’asseyant sur le banc poilu - à l’allure de Pollux – de Fernando Laposse.
Le studio Makkink & Bey signe ici un étonnant sac à dos qui fait office de lit gigogne une fois déplié
Pots, sacs, mini architectues accueillent les plantes qui habitent nos intérieurs
Design au naturel
Et si la réponse était la nature ? En réaction à la crise écologique et sociale que traverse la planète, l’exposition « Du sensoriel au biomimétisme » présente des projets s’inspirant du vivant qui trouve continuellement des solutions pour s’adapter à son environnement. Alors que nos modèles de consommation génèrent des déchets dont nous ne savons que faire, la nature, elle, paraît se renouveler sans cesse. Persuadés du bien-fondé de cette constatation, certains designers et architectes n’hésitent pas à s’en inspirer.
Ainsi le système de thermorégulation Pho’liage à poser sur les façades, composé d’éléments qui se déploient ou se plient en fonction de l’intensité lumineuse, s’inspire des fleurs qui s’ouvrent et se ferment au fil du jour et de la nuit.
Système de thermorégulation Pho’liage par le cabinet européen Artbuild
Système de thermorégulation Pho’liage en métal à mémoire de forme, élastomère thermoplastique et aluminium
Le groupe Michelin travaille sur un pneu éternel. Ce modèle composé de matériaux biosourcés - caoutchouc naturel, bambou, papier, bois, aluminium, carton, plastique recyclé, écorce d’orange… - est inspiré du corail. Sa structure alvéolaire présente une raideur élevée dans sa partie centrale – impeccable pour le guidage – et plus faible dans sa périphérie – parfait pour ne pas crever.
Design automobile
Les œuvres design présentées dans l’exposition « Autofiction, Une biographie de l’objet automobile » accompagnent une réflexion sur les tenants et les aboutissants de la voiture. Pourquoi est-elle née ? Avec quelles aspirations ? Comment a-t-elle évolué ? Comment a-t-elle maintes fois bifurqué pour subsister ? Pourquoi demeure-t-elle dans notre paysage alors que, conçue pour se déplacer, elle reste 95% du temps à l’arrêt ?
L’exposition propose de découvrir à travers ces interrogations aussi bien l’ancêtre de la voiture électrique que la reconversion de la carcasse d'une Fiat 600 en four à céramique. Jugez du grand écart !
Que feriez-vous avec un tiers de chaise ?
Les designers questionnent régulièrement le bien-fondé de leur métier : dans un monde où tous les meubles existent déjà - table, chaise, lit, armoire, luminaire, etc. – pourquoi en ajouter encore ?
À contre-courant de ses condisciples, la designer Mathilde Pellé a décidé, elle, de soustraire, de retirer au maximum et même au-delà le superflu de tout objet. Son challenge : débarrasser tout objet des 2/3 de sa composition en lui conservant une utilité. Une centaine d’objets ont été passés au crible de son expérimentation et le résultat est étonnant. À découvrir dans l’ exposition : "Maison Soustraire A Posteriori. »
L'armoire a été évidée, du canapé il ne reste que les coussins et la radio est méconnaissable
L'armoire de la salle de bain dans son plus simple apparat