Hôtel l’Échiquier, un renouveau entre Belle Époque et esprit contemporain
Après 17 mois de préparation et de travaux, l’Échiquier est là, dans son nouveau costume de somptuosité. Visite guidée de ce lieu parisien, entre Art nouveau et modernité.
Le salon-jardin d'hiver impressionne avec ses 217m2. Là où il n'y avait avant qu'un toit, une verrière apporte désormais la lumière nécessaire à rendre l'endroit très chaleureux. Tous les camaïeux de bleu et de vert s'associent pour créer un ensemble visuel harmonieux. La mosaïque du bar fusionne avec celle du sol, entièrement restaurée.
Une histoire mouvementée de plusieurs siècles
Autour d’un jardin d’hiver, véritable point d’orgue de l’hôtel, tout s’est articulé pour redonner au lieu ses anciennes lettres de noblesse. Restauration, oui, mais dans le plus profond respect de l’architecture existante. Car « la réussite d’un projet n’est pas forcément le changement à tout prix » argumente Yann Le Coadic. « Ce qui touche les gens, c’est l’âme d’un lieu ». Les travaux ont donc été effectués sans opérer de destruction. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que l’Échiquier réuni tout pour avoir une âme.
En 1593, à l’endroit même où il se situe, cet ancien pavillon de chasse d’Henri IV était entouré de forêts, et hors de Paris. Puis il fut légué au Couvent des Filles de Dieu, lesquelles le réaménagèrent avec cellules pour les religieuses, sous-sols et nombreux passages souterrains pour rejoindre Paris par le Nord. Il fut ensuit racheté par l’état et devint un hôtel en 1850. De cette époque, quelques vestiges décoratifs son restés quasi intacts comme l’ascenseur ou les vitraux.
Jusqu’en 1981, l'hôtel communiquait directement avec l’établissement du 36 rue de l’échiquier mais pour des raisons personnelles, l’ancien propriétaire décida de séparer les deux bâtiments.
Même s'ils ne sont pas du début du XXe siècle, ces fauteuils en rotin façon Emmanuelle, s'intègrent parfaitement à la déco.
1. Les chauffages d'époque ont été conservés tels quels. Même s'ils ne fonctionnent plus, leur aspect visuel est très décoratif.
2. Le paon a beaucoup inspiré les artistes et les designers de l'Art nouveau. C'est donc tout naturellement qu'il est devenu la mascotte de l’Échiquier d'autant que son plumage reprend la gamme chromatique que l'on retrouve au fil d'une balade dans l'hôtel.
Une restauration dans le respect de l'architecture
Après avoir restauré le Carlton à Lyon, Yann Le Coadic et Alessandro Scotto avaient carte blanche donnée par Jacques Gad, l’actuel propriétaire, et budget quasi illimité pour réhabiliter cet hôtel de tourisme qui avait atteint un seuil de délabrement incroyable. Leur opération de restauration s’apparente à un véritable travail de fourmis et d’archéologie pour se documenter de façon très précise sur la décoration de la période choisie, de 1900 à 1910, empruntant à l’Art nouveau sa liberté de créativité et d’inventivité, et à l’Art déco, sa rigueur classique et ses symétries bien ordonnées.
1. Tabourets et pots de fleurs ont tous été dessinés par le Cabinet Le Coadic Scotto.
2. L'application de la mosaïque du bar est un véritable travail d'orfèvre.
La mosaïque du sol, entièrement restaurée à l'identique mais d'une modernité sans conteste, explose en couleurs et en motifs fleuris.
Le grand salon, véritable joyaux central de l'hôtel
La pièce la plus importante de l’hôtel, celle vers laquelle se tournent tous les regards, est le grand salon, dont l’une des parties est éclairée par la lumière naturelle d’une verrière. Il décoré avec tous les codes des brasseries du quartier créées au XIXe siècle.
Au sol, la mosaïque d’origine a été entièrement restaurée. Les boiseries d’origine, trop abimées, ont été reconstituées à l’identique. Leur bois en chêne foncé est délicatement souligné de motifs végétaux, fidèles à l’Art nouveau. Partout des nuances de bleu et d’or dominent. Parmi les objets emblématiques de cette sublime pièce, le bar, qui semble avoir toujours été là et dont la structure en bois a été entièrement recouverte de mosaïques travaillées à la feuille d’or, est une véritable œuvre d’art et capte toute l’attention. Chaises et fauteuils en rotin tressés sont inspirés des jardins d’hiver des années 1900. La magie de cette restauration réside également dans l’utilisation d’objets crées par Yann Le Coadic et Alessandro Scotto fusionnant parfaitement à l’ensemble et que l’on croirait empruntés aux archives de l’Art nouveau.
Dans l'une des alcôves, un grand miroir mural en forme de soleil reflète la verrière et crée une véritable ouverture vers le ciel de Paris.
Des chambres très sobres à l'atmosphère typiquement parisienne
Côté chambres, la sobriété est de mise. On y retrouve les bleus du grand salon, rehaussés de rouge, de bois blond et de blanc. Mais derrière cette apparente austérité voulue à la manière d’un appartement parisien, les détails singuliers fourmillent et cassent les codes de l’hôtellerie. Têtes de lit, appliques et meubles ont tous été dessinés sur mesure.
Les 88 chambres de l'hôtels, d'une surface de 20 à 25m2, sont toutes aménagées différemment. On y retrouve cependant les mêmes codes couleurs : rouge, bleu, blanc, gris et bois blond. L'Échiquier possède 4 types de chambres : Classique, Classique de luxe, Junior Suite et Deluxe.
Dans les chambres, le plaisir des yeux passe par chaque petit détail comme ce guéridon en marbre et en laiton.
1. Les sonnettes sont d'époque mais n'essayez pas de les utiliser... Elles n'ont été gardées que pour décorer !
2. Les salles de bains sont sobres mais fonctionnelles. À noter, le miroir triptyque.
Les tissus qui tapissent certains murs de l'hôtel sont des rééditions d'époque.
1 et 2. Les vitraux qui décorent l'escalier en marbre et l'ascenseur, d'époque, sont des vestiges du style décoratif du Second Empire.
Les infos pratiques
L'Échiquier Opéra Paris****, MGallery Collection By Sofitel, 38 rue de l'Échiquier, 75010 Paris. Tél.: 01 42 46 92 75. réservations : mgallery.com. Tarifs : à partir de 175€ la nuit, petit déjeuner buffet 25€. Métro : Bonne Nouvelle.